Dimanche 9 décembre 7 09 /12 /Déc 23:17

7h du matin, on est nu comme des verres sous la couette, mon Iphone me sort du lit, numéro en provenance de Belgique… Je décroche, celui que je n’attendais plus, me demande comment je vais. Je raccroche et m’habille aussi vite que possible, Allan ne m’entends pas, je sors de chez lui comme un voleur, je trouve par bonheur un taxi qui me ramène chez moi. Je n’ai pas envie de le rappeler, mais j’hésite je m’en veux, je culpabilise car je sais que c’est moi en tort, c’est moi qui ai « fauté » comme disait ma grand-mère… Dans mes réflexions, je me dis que peut-être il est arrivé quelque chose à ma mère, aussi je sonne chez nous au domaine. C’est elle qui réponds inquiète de mon appel à une heure peu habituelle. Je m’excuse, et je lui explique tout. Je lui dit que Francis a enfin essayé de me parler, que j’ai raccrocher sans l’écouter. Que je me suis dit que peut-être, elle avait eu un accident ou que sais-je. Elle me remercie pour ma sollicitude, me dit que tout va bien et m’écoute. Je lui dis que je vais tourner un feuilleton, que je vais donc rester plus longtemps que prévu aux States, sans doute à cause du garçon que je viens de rencontrer… Elle est ravie pour le garçon, moins pour le feuilleton, me rappelle surtout que j’ai des obligations envers mon entreprise. Je promets de m’arranger afin que la société ne pâtisse pas de mon emploi du temps. D’ailleurs une fois que nous raccrochons, je me mets au travaille sans interruption jusqu‘en soirée. On sonne à ma porte, je travaille à l’étage et regarde donc par la fenêtre, c’est Allan avec un bouquet de roses rouges et une boîte de chocolat. Je descends donc lui ouvrir.

 

-Tient c’est pour toi.

 

-Des fleurs et du chocolat?

 

-Oué, quand mon père devait se faire pardonner de quelques choses auprès de ma mère c’est-ce qu’il lui ramenait.

 

-Tu dois te faire pardonner de quoi?

 

-Ben c’est à toi de me le dire, c’est toi qui est partit comme un voleur.

 

Là je me jette dans ses bras et m’excuse, je vais vous l’avouez, j'étais presque en larmes. On rentre à l’intérieur et il m’embrase.

 

-Je m’excuse Allan, tu es vraiment quelqu’un de génial tu sais. Je vais te dire la vérité, ce matin, il m’a appelé…

 

-Qui ça?

 

-Mon mec. Enfin je veux dire, Francis. Et je ne voulais pas lui parler chez toi, avec toi dans le lit juste à mes côtés, tu comprends, je suis donc partit, j’ai appelé ma mère et après ça je me suis mis au travaille derrière mon pc…

 

-Tu lui as parlé?

 

-A ma mère oui, évidemment.

 

-Non à lui?

 

-Non, je ne savais pas quoi lui dire de toute façon, et je n’avais pas envie de l’entendre. Excuse moi, j’aurai du t’appeler. Je suis toujours dans ses bras, son étreinte s’est desserrée.

 

-Tu es encore amoureux de lui?

 

-Je ne sais pas Allan, je ne crois pas, tu comprends, on était sensé se marier, on se connait depuis plus de dix ans, on ne tourne pas la page comme ça. Avec ce qui s’est passé ses derniers jours entre nous, je suis encore plus chamboulé et dubitatif.

 

-J’ai du mal à te suivre tu sais.

 

-Désolé.

 

-Ce que moi je sais, c’est que tu me plais beaucoup, physiquement évidemment, mais ça va plus loin, c’est aussi cérébral. Je sens que si tu le veux bien aussi, entre nous, ça pourrait être géant.

 

-Je crois que je le veux, et peut-être d’avantage.

 

Comme dans la pire des séries B, alors que nous nous embrassons, c’est le moment que choisit Francis pour sonner à nouveau.

 

-Décroche au moins tu seras fixé sur ce qu’il veut te dire. Il ne me lâche pas la main, et je réponds.

 

-Salut.

 

-Salut.

 

-Qu’est se que tu me veux?

 

-Je veux de tes nouvelles.

 

-Elles sont bonnes.

 

-Tant mieux. Tu es toujours fâché?

 

-Tu es toujours à côté de la plaque…

 

-Je m’inquiétais pour toi, je voulais savoir ou on en était aussi.

 

-Ben nulle part. Je crois que tout est dit.

 

-Arrête, tu ne penses pas ce que tu dis.

 

-Ecoute, laisse moi tranquille, j’ai beaucoup de projets en cours ici, retourne aux tiens, tu arrivais à te passer de moi jusque maintenant, ça te sera encore plus facile maintenant.

 

-Dés que je sais, je viens quelques jours près de toi. On en reparlera.

 

 

Tu ne dis rien.

 

-Que veux-tu que je te dise, après tout c’est aussi chez toi ici, si tu veux y venir, moi je ne peux pas te promettre d’être là quand tu auras décidé d’y être. Sur ce, je te laisse, j’ai à faire.

 

J’ai raccroché, et je me suis jeter sur le pauvre Allan, je l’ai embrassé presque à lui faire mal, nos dents se cognant parfois tellement j’étais dans ma fougue maladroit. Je l’ai déshabillé aussi vite que j’ai pu et pénétrer avec le minimum syndical en préliminaire. Me rendant compte de ma maladresse pendant notre ébat, du salon, je l’ai conduis par la main vers la chambre, dans le lit, je l’ai câliné, il n’a pas semblé déçu, moi je le suis, car j’ai en quelques sortes reproduit une joute hard en sexe similaire d’avec Francis, alors que jusque là ce n’était que tendresse avec Allan.

 

Il se lève et va voir sur une étagère une photo de Francis et moi que j’avais retourné un soir par lassitude de son silence.

 

-Ola! Je comprends mieux maintenant.

 

-Tu comprends quoi?

 

-Rien, j’imagine des trucs, c’est un peu chiant de voir son rival et de ne trop rien savoir sur lui. Olga reste vague quand j’essais d’en savoir plus. C’est une belle bête en tout cas. Peut-être un peu trop vieux à mon goût. Je sais, je n’aurai pas du retourner cette photo, mais je me doutais de qui se trouvait dessus.

 

-Qu’est-ce que ça peut faire?

 

-Beaucoup mon beau, j’ai bien vu que son appel t’avait mis à l‘envers.

 

-Que veux-tu savoir?

 

-Tout et rien…

 

-Il fait quoi dans la vie.

 

-Tout et rien, écoute, je ne veux rien savoir sur tes exs, ça ne nous mènerait à rien de parler de lui, je crois que ce serait lui accorder trop d’importance, et ferait perdre en saveur ce que nous vivons pour le moment.

 

-Vu comme ça, je veux bien essayer de maitriser ma curiosité.

 

-Bien.

 

-On va mangé un carpaccio à la Tomate?

 

-Tu n’as rien à manger ici?

 

-Mis à part du chocolat belge, que ma mère m’a envoyé il y a quelques jours, rien.

 

-Tu manges vraiment toujours à l’extérieur?

 

-Non, regarde sur le frigo, il y a un tas de traiteurs dans cette ville. Je mangerais bien chinois tient et toi?

 

-On va se laver et c’est partit pour la tomate.

 

Au resto, il m’a parlé du nouveau script écrit en collaboration avec l’auteur initial. Me faisant promettre de le lire et de l’apprendre au plus vite. Le lire m’a pris une partie de la nuit, et avant de m’endormir, j’imaginais déjà comment interpréter au mieux les passages qu’avaient retenu mon attention.

 

Très matinal le Allan, il faut dire que moi j’ai lu son script une bonne partie de la nuit, je l’entends partir, mais je ne sais pas ce qu’il me dit, je ne suis vraiment pas du matin… Je traine un peu au lit, je n’ai rien de prévu pour la journée. Je me dis que je vais allé prendre un bain mais il m’appelle du rez-de-chaussée, le petit déj est prêt. Des pancakes aux myrtilles, du chocolat-chaud, du jus d’orange fraichement pressé, ça me change, moi qui le matin n’avale rien. Je mange de bon cœur, lui me regarde et me trouve trop beau les cheveux non coiffé. Il doit allé au studio, il a pas mal de boulot, moi je dis que je vais sans doute allé voir Olga, il m’interdit de m’amuser, m’ordonne même d’apprendre mes répliques, et m’annonce qu’il va m’envoyer sa meilleur répétitrice. Qu’il n’y a pas de minute à perdre qu’au soir on ira promener pour décompresser peut-être voir un film en amoureux.

 

Il n’est pas partit d’un quart d’heure que la fameuse répétitrice arrive. Un petit bout de femme blond, la coupe à la garçonne, un mètre cinquante, mais qui d’un simple regard obtient ce qu’elle veut. C’est donc en peignoir que toute la journée, j’ai du lui donner la réplique, pas la peine de penser à manger un bout, alors me laver et me changer encore moins! Une perte de temps selon elle, de renchérir que vu ma petite bouille, une douche doit me prendre autant de temps que le bus qui relie le Chinatown de DC à celui de NY. L’accent de Maggy est vraiment celui d’une pecnode du Sud.

 

-Pas la peine d’essayer de m’épatée avec vos belles plumes. Si je suis là, c’est pour vous faire rentrer ses répliques que vous ne parvenez pas à retenir.

 

-Mais je n’ai eu le scénario qu’hier!

 

-Vraiment? Bon, commençons au lieu de tergiverser en veine paroles, on ne me paye pas pour faire du copinage. Vous vous imaginez au bureau d’une grosse entreprise, elle vous vient de votre père qui la tenait du sien, etcetera, capiche?

 

-Jusque là, ça va.

 

-Bon, le drame, une partie de votre capital a disparu, et c’est sans doute votre progéniture qui l’a détournée. Votre femme vous appelle, car justement, elle n’a plus de nouvelles du fils prodige, elle s’inquiète, pour vous il est à la Barbade avec votre pognon. Dialogue: et elle lit à toute vitesse la réplique de l’épouse, c’est incompréhensible à l’oreille, et vous devez répliquer comme si la caméra tourne la vingtième prise! La journée se passe, elle s’étonne de voir que je retiens facilement mon texte, elle s’attendait au pire vu ce qu’on lui avait dit. Elle ne veut pas m’en dire plus, mais vous vous doutez qu’Allan à la première aparté va m’entendre. Elle s’en va comme Allan arrive, elle ferme le script, s’en va comme elle est arrivée, je pense que je n’ai même pas un au revoir de ma sbire. En lieu et place, j’ai un Allan volubile. Etant déshydraté, je le laisse parlé, je serais bien incapable de vous dire ce qu’il m’a dit, car j’ai été prendre un grand verre d’eau dans la cuisine, j’ai mangé une orange qu’il avait apportée du matin. Puis, je suis monté prendre une douche, comme il me suivait comme un petit chien, s’excusant cependant alors que je me douchais, j’ai desserré les lèvres.

 

-Tu sais Allan, je n’ai pas l’habitude que l’on me donne des ordres ou que l’on me prenne pour un imbécile. Je ne sais pas ce que tu as été dire à cette folle de Maggy, mais crois moi, si tu veux que je travaille avec toi, tu as intérêt à réfléchir à deux fois la prochaine fois que tu m’envois une bonne femme qui me crois complètement débile et qui s’étonne de voir que j’arrive à retenir trois mots.

 

-C’est de ma faute, je lui ai dit que tu serais sans doute rouillé un peu, comme il y a un moment que tu n’as plus tourné.

 

-Elle peut se présenter demain à ma porte, je n’ouvrirai pas, et si tu la laisses entrer, sache que j’appellerai les flics.

 

-Je vais la décommandée alors, je ne voudrais pas la perdre, tu sais que même Tom Cruise fait appel à Maggy.

 

-M’en moque.

 

-Tu es super sexy quand tu t’énerves comme ça.

 

-Puant oui! Toute la journée en peignoir, avec en dessous un boxer maculé d’une nuit d’orgie.

 

-Huuum, j’aime quand ça sent le mâle…

 

-Moi je n’aime pas sentir le bouc. Et là j’ai les crocs.

 

-Mange moi.

 

-Non tu ne le mérites pas, j’ai vraiment faim, et si je ne sors pas de cette maison, je crois que je vais devenir complètement fou. C’est pas le fils qui va se pendre dans ton scénario mais moi le père.

 

-Ca va être dure de te trouver un fils de plus de vingt ans quand même qui n‘ai pas l‘air d‘être ton frère.

 

-Plus la peine d’essayer de me draguer, on a déjà coucher ensemble mister.

 

-Bon, je t’offre un repas à la Tomate pour me faire pardonner et puis en fonction de l’heure, on ira peut-être au ciné.

 

Nous n’avons pas été au ciné, je voulais lui montrer « Fortuna », avec Bourvil, un dvd de ma collection. Au lieu de ça en rentrant, un message sur mon répondeur de sa Maggy qui lui dit qu’il va s’en doute avoir du mal avec moi pour tel et tel scène.

 

-Excuse moi bébé, je n’aurai pas du donner ton numéro à l’équipe.

 

-Comment sait-elle que tu vas avoir du mal avec moi pour tel et tel scène.

 

-Ben elle est une sorte de bras droit et on en parle tellement de ce film, de ce que je veux en faire que sans doute par moment, tu ne l’as pas convaincue.

 

-Pfff, je voudrais bien te voir toi, face à un moulin à paroles articulé qui ne prononce aucune syllabe.

 

-Tu te souviens des répliques des passages dont elle parle.

 

-Plus ou moins.

 

Là quel ne fut pas mon étonnement, Allan connaissant par cœur les répliques, jouant comme un pro n‘importe quel rôle. Aussi, je me suis pris au jeu, c’était très agréable que de lui donné la réplique, bien qu’il m’embrasse à la moindre occasion, ce qui me faisait perdre le file de mes répliques. Ce qui l’énervait, ce que je ne comprenais pas, car il aurait voulu que nous soyons pro jusqu’au bout, et ça a pourtant finit au lit.

 

Les premiers rayons de soleil sont là, il veut qu’on se lève pour travaillé mes scènes. Un acharné du boulot, et pas question de bisous comme la veille, j’ai l’impression de travailler pour un tyran. Rien n’est jamais suffisamment bien interprété, je ne suis jamais assez convainquant, il en arrive a espérer qu’avec les décors, je serais plus dans le personnage. Moi je ne souhaite qu’une chose qu’il parte de chez moi et me laisse souffler. Mais il ne lâche rien, il faut dire que je me plie à ses exigences, je n’ai plus ouvert mes mails depuis trois jours, c’est sans doute ce qui affecte un peu mon jeu. Je prends pourtant mon mal en patience. La journée se passe comme ça, il ferme tard le soir le script d’un clap et propose de sortir. Je lui réponds du tac au tac qu’on se voit demain, que mon véritable boulot va seulement commencer comme il quittera ma maison. Il est déçu mais n’insiste pas, il part. Je n’ai rien en attente de primordial, que des banalités, des rapports prouvant que tout va bien sans moi en Europe. Je décide d’allé rendre visite à Olga, à la base la reine des virées, et elle m’annonce qu’elle ne sort pas, elle fait des nouveaux costumes pour le film, et afin que tout soit parfait, elle ne délègue rien, elle ne supporterai plus un refus m’avoue t’elle. Ce que je craignais ce confirme, travailler avec Allan n’est pas de tout repos. Et Flav travaillé sous pression, ça ne s’est jamais vu, travaillé dans une mauvaise ambiance, c’est un peu comme un couple qui bat de l’aile, avec moi, ça ne dure jamais longtemps. J’ai peur de paraitre pompeux ou égoïste, mais je n’ai jamais vraiment été sous pression, ou fait quelque chose à contrecœur, quand les orages pointent à l’horizon, je m’arrange pour qu’il m’évite, je les fuis même parfois, en fait c’est un peu lâche de ma part, je le reconnais, mais c’est dans ma nature. Cependant dans le cas présent, je décide de le convaincre de ma bonne foi, après tout, il n’a pas cessé de vouloir de moi dans son film et me trouvait plein de talent, je vais faire en sorte de le calmer une bonne fois.

 

10h du matin, il sonne à ma porte. Je suis frais et pimpant, je l’attendais. J’ai étudié un acte en entier, et imaginer tous les sentiments possibles que les différents intervenants dans la vie de tous les jours pouvaient rencontrer.

 

-Je t’ai laissé te reposer ce matin. Mais tu m’as manqué.

 

-Je ne me suis pas reposé.

 

-Tu as pourtant bonne mine. On travaille l’acte 3?

 

-Non enfin oui, mais on va travaillé à ma façon. Je l’emmène donc à la fondation, dans l’ancienne véranda, devenue classe, je tire un banc face à l’estrade et m‘explique. Bon Allan, ce n’est pas une classe, c’est le bureau de ton héros, celui que tu veux me voir jouer, enfin dit moi si je me trompe. Je joue l’acte d’une traite, tel je me l’imagine. Ensuite je le reprends en y apportant des nuances que je lui explique, je refais cet exercice plusieurs fois de suite. Maintenant Allan, c’est à toi à me dire quelle scène tu as préférée, vers laquelle tu veux que j’évolue. Mais primo je ne sais pas deviner si tu n‘orientes pas vers ton idée de version, secondo, mon texte, je l’ai mémoriser de 9 à 10, et encore j’ai pris mon temps… Alors je sais comment ça se passe sur un tournage, mais stop, si tu veux que je travaille avec toi, stop… N’oublie pas que j’ai une boîte à faire tourner à côté et surtout que je suis un électron libre. Quand j’entreprends quelque chose, je le fais toujours à fond.

 

-J’ai bien saisi le message, je suis rassuré, je stress plus que d’habitude, je sais que les critiques vont m’attendre au tournant, reprendre une saga à succès à un autre grand du cinéma.

 

-Spielberg l’a fait avant toi.

 

-On va se promener?

 

-Ok mec, ce sera l’occasion de me parler d’où tu en es sur les plateaux.

 

On a parlé de tout de rien, du film bien entendu mais sans plus, il sait se montrer très charmant à ses heures. Je ne vous dit pas dans quel état on a mis son lit, nos vêtements ont volés partout dans son loft, avant que nous y plongions, on a fait l’amour comme deux bêtes en manque une bonne partie de la nuit, si bien que j’ai fais la grâce matinée. Lui n’était plus là quand j’ai ouvert les yeux, réveillé par le bruit d’un aspirateur. Le temps d’émerger, de me souvenir que je ne suis pas chez moi, que quelqu’un passe l’aspirateur dans la chambre alors que je suis nu comme un ver. Je tire donc sur mon torse les draps, ça n’a pas l’air de déranger miss Concheta, sans doute est-elle habituée à ce que Allan ai quelqu’un dans son lit? Quand elle sort de la pièce, je m’enroule dans mon drap de fortune, mes vêtements sont un peu partout dans le loft, j’entends que celui-ci est plein de monde. J’avais déjà pu remarquer le dressing d’Allan près de la salle de bain, aussi je me décide à aller y chercher de quoi me vêtir. Impossible de lui emprunter un pantalon ou un jeans, je ne rentre pas dedans, il est plus grand que moi, plus svelte, seul option un bermuda de bobo à carreaux, et vu mon accoutrement, je prends au hasard au dessus d’une pile un t-shirt. Mieux vaut se la jouer touriste qui dort chez un ami que amant, surtout si tout ce petit monde fait partie de son équipe de tournage. Si je voulais faire discret c’est loupé:

 

-Tu es levé chéri, bien dormi? Et un smack sur la bouche devant toute l’assemblée. Aucune réaction de la part de sa mère, elle est cependant assise sur la chaise ou la veille au soir ma chemise a atterrit. Elle se décale du dossier et me la tend. Autrement dit, svp monsieur, je ne suis pas dupe et elle va en remettre une couche.

 

-Tu vois Allan que mes cadeaux ne sont pas si moche que ça. Il n’a jamais voulu porter ce t-shirt.

 

-Désolé, je ne savais pas que c’était un cadeau.

 

-Ne t’excuse pas Flavien. Au moins il aura été porté une fois. Ce n’est peut-être pas la première fois que tu le portes?

 

-Maman fiche lui la paix, tu ne voulais pas qu’il descende à poils tout de même.

 

-Mais qu’il est charmant! Comme il parle à sa mère.

 

-Pour la seconde fois, fiche lui la paix…

 

-Mais personne ne m’embête, ne vous disputez pas…

 

-Vous êtes ensemble?

 

-Maman ce n’est pas parce que un garçon sort de ma chambre qu’impérativement nous sommes ensemble.

 

-Ca à le mérite d’être clair au moins Allan!

 

-C’est le moins qu’on puisse dire!

 

-Vous devriez voir votre tête à tous les deux. Je ne voulais pas te froisser Flav. Ca ne regarde que nous ce qui se passe entre nous, on en parle tout à l’heure si tu veux, là on va tous bosser dur. Et maman, je crois que de ton côté, tu as aussi à faire.

 

Sur les plateaux, un seul mot « l’enfer ». Allan ne se contente jamais de quelques prises, il en demande sans cesse plus. Il y a toujours quelque chose qui cloche, dans les cadrages, dans les décors ou alors ce sont les acteurs qui ne sont jamais suffisamment convainquant à son goût. Ca n’engage que moi, mais sa manière de travailler est déroutante, il donne très peu de consignes et c’est aux acteurs de jouer, de trouver ce qu’il recherche, si vraiment il recherche un truc, car je me demande si il ne fait pas plutôt en sorte de toujours voler un moment. Des instants qu’il assemble et donne vie à l’histoire.

 

J’en reviens au plateau, mauvaise ambiance, surmenage, on aspire au dimanche jour de repos, tant le rythme est infernal.

 

Si en dehors des plateaux, il n’était pas aussi charmant et aussi agréable à vivre, si il ne fallait retenir que le réalisateur, nous ne serions pas ensemble. On ne parle jamais de notre relation, je crois d’ailleurs qu’il n’y a pas lieu d’en parler. Dés que nous ne sommes rien que nous deux, il n’y a plus rien d’autre qui compte. Nous sommes complice dans la vie, en osmose au lit, …

 

Nous étions chez moi en train de dîner, avec Allan, nous avions projeter de regarder Casablanca. J’entends un bruit de clés en provenant de l’entrée. La porte qui s’ouvre, sur le coup, je pense à un cambrioleur, je me dirige donc vers l’entrée pour tomber nez à nez avec Francis.

 

-Tu ne sembles pas ravi de me voir.

 

-En fait, ça ne me fait ni chaud ni froid. Bon j’avoue que mon cœur bat la chamade, car j’ai peur du face à face Allan-Francis. Je les vois bien en venir au poing. Mais il n’en sera rien, Allan qui a sans doute deviner la situation apparait avec sa veste dans le hall, me dit qu’il rentre chez lui, d’appeler si besoin, qu’on se voit au boulot le lendemain. Il m’embrasse sur la joue, ce baisé m’électrise. Il n’a pas refermé la porte que Francis reprend:

 

-Belle bête.

 

-Je trouve aussi.

 

-Vous êtes ensemble? Il me fait face, sa bouche est à deux centimètres de la mienne, son regard est mauvais, comme je ne réponds pas, il m’attrape les poignets et me repose la question. D’un geste brusque, je me libère et lui répond en serrant les dents.

 

-Ca ne te regarde pas, et je le gifle.

 

Je ne sais pas ce qu’il m’a pris, si c’est son regard, le fait qu’il essaie de m’intimider par la force, ou l’accumulation de son indifférence, voir sa présence inopportune.

 

-Waw tu m’as fait mal! Putain! Il est vrai que ma main se dessine simultanément sur sa joue après l’impacte.

 

-Que viens-tu faire ici?

 

-Tu me manquais, et vu la claque, moi aussi je te manquais.

 

-Tu rêves Francis. Tu crois que de débarquer ici après tout ce temps et hop, on recommence?

 

-Je le souhaitais.

 

-Va t’en au diable.

 

-Tu es diablement sexy quand tu es en colère.

 

-Si tu t’approches de moi je t’en met une autre de l’autre côté.

 

-Ca va, ca va… Je dormirai dans l’autre chambre, si tu n’y vois pas d’inconvénients, juste le temps que tu te calmes bébé.

 

-Dors ou tu veux, je m’en fiche, c’est après tout aussi chez toi ici, mais reste bien loin de moi. Comme je tente de passer devant lui, il m’attire à lui, m’embrasse avec fougue, je ne le lui rend pas son baisé, mais il s’en moque, il m’embrasse dans le cou, me mordille l’oreille, passe sa main dans mon jeans et me malaxe les fesses, il grogne d’envie… Je dois le supplier de me laisser tranquille, de me lâcher, c’est étrange mais ce Francis qui me torture depuis tant d’années me dégoutes.

 

Le lendemain matin, vous me croirez ou non mais j’ai super dormi, je me réveille pour allé chez Allan, un petit saut dans la douche, je prends mon temps sous le pommeau de douche, j’entends Francis rentré dans la salle de bain. Il se déshabille, je le vois médusé derrière la porte de douche faire. Il est nu et rentre dans la cabine de douche, il est magnifique avec son corps de rêve, ses poils entretenus juste à la bonne longueur. Un centimètre et demi environ, noir comme le plumage du corbeau ne camouflant rien rehaussant sa beauté. Je le contemple c’est vrai, mais je n’ai pas envie de lui. Il ne tente rien, me dévore des yeux, ça m’indiffère, je me rince, sort de la cabine, je m’essuie et m’habille aussi vite que possible, je m’enfuis tel un voleur de chez moi, de chez nous.

 

J’arrive chez Allan, par chance il n’est pas encore partit pour les plateaux, je me jette dans ses bras, il caresse mes cheveux, me serre très fort…

 

-J’ai eu du mal de te laisser avec lui tu sais… Mais je devais vous laissez vous expliquer, tu dois savoir aussi ou tu en es, ce que tu veux… Vous avez parlé?

 

-Allan, mon dieu, je ne sais pas parlé avec Francis, il a toujours fait de moi ce qu’il voulait…

 

-Cette nuit aussi?

 

-Non cette nuit, ce matin rien.

 

-C’ est déjà ça…

 

-Depuis que je l’ai vu, je comprends mieux ton attachement, je ne lui arrive physiquement pas à cheville, côté charisme pareil, je suis même étonné que tu sois là, et cette confidence me fait mal, tu ne t’imagines même pas à quel point. Le pire, Olga m’avait prévenue!

 

-Depuis quand tu écoutes Olga?

 

-Détrompe toi, elle est la seule qui arrive à m’influencer au boulot comme dans la vie.

 

Je ne sais pas pourquoi je pleure… Il m’embrasse, me déshabille, me fait l’amour… Ses gestes sont lent mais chaleureux, nos vêtements au sol, on se dirige vers son lit, quelques préliminaires et il me prend en douceur puis avec fougue, mes yeux ont dans leurs commissures quelques larmes, mais dans mon ventre, dans mes entrailles c’est l’extase, je ne pense pas du tout à Francis, c’est avec Allan que je suis… Je suis la tête sur son torse après nos ébats, il appelle quelques responsables des plateaux et annule la journée de tournage. Je crois que je ne lui en serais jamais assez reconnaissant. Nous trainons des heures au lit, dans les bras l’un de l’autre, je m’assoupis un moment, à mon réveil, il sort de sous la douche, il s’éponge dans la chambre et je fais comme lui, je vais vite me laver… On s’habille en même temps, et il me propose une petite ballade en voiture. Dans une vieille Chrysler, il m’embarque à la campagne. Autour d’une marre, on pique-nique, au sens propre comme au figuré. Mes sentiments sont assez confus, on parle peu, comme si chaque parole pouvait transformé le cours de la journée, comme si le moindre mot pouvait changer le cour de notre destin. Il me dépose chez moi, on se dit à demain sur le plateau…

 

Je rentre, j’entends une musique française d’ambiance, style du Céline… Sory les fans mais je déteste! Pour avoir trop écouté un de ses succès, pour être fan d’une autre chanteuse à voix sans doute. Dans le living, la total, table dressée pour deux, candélabres allumés, champagne dans le seau à glace, et mon Francis en smoking beau comme un dieu.

 

-Tu attends quelqu’un excuse moi, je file dans ma chambre. Tu pourrais me prévenir.

 

Je monte dans ce qui était notre chambre, je termine d’enfiler un training, qu’il est là dans l’embrasure de la porte.

 

-Tu sais très bien que c’est pour toi!

 

-Tu penses franchement qu’il te suffit d’apparaître, d’allumer quelques bougies pour que je te tombe dans les bras?

 

-Si tu veux, j’éteins les bougies?

Par flav1982.over-blog.com - Publié dans : Al/retour au ciné - Communauté : Roman gay Rose
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